Alors qu’il avait un an, Jérémie a été adopté. Aujourd’hui, il se confie à nous et nous explique comment il l’a appris. Ce que ça a changé et change pour lui. Au travers de son histoire, il nous parle de l’adoption, de son impact sur les enfants et les familles.

Vers 1 an, j’ai été adopté. Quelques années plus tard, à 8 ou 9 ans, je l’ai appris. Maintenant, je suis très heureux d’être ici avec ma famille.

L’adoption ne se fait pas d’un seul coup. D’abord, il y a quelques petites choses très importantes, on n’adopte pas un enfant du jour au lendemain et puis, il est préférable d’éviter de ne pas changer son prénom : il a été habitué à être appelé comme ça. Ensuite, il ne faut pas le changer d’environnement trop vite, il faut y aller progressivement. Pour commencer, l’enfant passera une demi-journée par semaine dans sa famille, puis une journée et ainsi de suite jusqu’à 7 jours sur 7.

J’ai donc appris mon adoption vers 8, 9 ans, quand mes parents l’ont décidé, quand ils pensaient que j’avais l’âge de comprendre. Il ne faut pas négliger l’état psychologique de l’enfant après cette déclaration. Moi, je l’ai vécu plus ou moins mal et mes points à l’école en ont pâti. Je suis allé voir un psychologue qui m’a écouté, on a discuté et il m’a proposé d’en parler avec mes parents. Pour certains enfants, ce sera peut-être plus facile d’en parler avec leur famille qu’avec un psychologue. Il peut y avoir d’autres solutions : en discuter avec quelqu’un qui a été, lui-même, adopté, en parler avec un proche. Les parents ne doivent pas non plus hésiter à lui dire pourquoi et pour quelle(s) raison(s) la mère biologique a décidé d’abandonner son enfant. Mais également, de lui demander son ressenti de cette situation.

Parlons maintenant de l’état psychologique des parents adoptifs, je n’ai pas beaucoup d’informations, mais j’aimerais vous dire mon expérience. Ma mère, par exemple, a peur que je la quitte pour aller rejoindre ma famille biologique. Pour ma part, je lui ai déjà expliqué que je ne ferai jamais ça. Je ne désire pas voir ma mère biologique, pour moi, elle m’a juste mis au monde et je l’en remercie. À part ça, elle ne m’a rien donné de plus que des problèmes de santé. Mais chacun a sa vision des choses.

Ma maman ne m’a jamais dit concrètement qu’elle avait peur que je veuille retrouver ma génitrice. Mon père, lui, n’a pas de problème sur ce sujet-là, donc je me confie plus à lui qu’à elle. Si je dois donner un conseil aux parents, c’est de ne pas brusquer l’enfant. Par exemple, il faut prendre le temps de dire les choses, de les expliquer, de s’asseoir à une table et d’en parler calmement, dire à l’enfant qu’il a été adopté, qui a été sa génitrice, pourquoi il a été mis à l’adoption. Il faut essayer de répondre à toutes les questions et surtout, lui faire comprendre que l’on ne le regrette pas, que l’on ne le rejette pas…

Moi, dans MA famille, je me sens super bien. Ma famille, c’est mon trésor, je ne la sacrifierai pour rien au monde et sincèrement, maintenant – et même en étant plus jeune – je n’ai jamais pensé au fait d’avoir été adopté. Comme dit le proverbe «  il existe une famille de sang et une famille de cœur ». Pour rien au monde, je ne changerai ma vie actuelle.

Auteur : Thomas, 16 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R lors de l’Été Solidaire à Chaudfontaine.

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