À l’inverse de 82% de Belges de 15 ans et plus, Anne-Lyse ne boit jamais d’alcool, ni par allergie, ni par religion, ni pour quoi que ce soit… La raison est simple : elle n’aime pas ça et ne voit pas pourquoi elle devrait s’adonner à la boisson. Les pressions pour qu’elle boive une pression sont nombreuses…

Première conversation

Je m’appelle Anne-Lyse, j’ai 23 ans, je vis à Bruxelles. Voici un exemple de la conversation que j’ai, souvent, quand je rencontre, une première fois, une personne lors d’une soirée. Moi (M) : Je ne bois pas d’alcool. Lui ou elle (LOE) : Ah bon ?. M : Oui. LOE : Mais… Même de la bière ? M : Oui, même de la bière. LOE : … Mais pourquoi ? M : Parce que je n’aime pas le gout de l’alcool. LOE : Même dans les cocktails ? M : Oui, même dans les cocktails. Tu n’as pas du jus d’orange s’il-te plait ?

Soulée (par les discussions)

Voilà, ça c’est environ 99,9% des conversations que j’ai avec une personne que je rencontre, une première fois, lors d’une soirée. Le fait est que ne pas boire d’alcool, à 23 ans, en 2020, dérange plus les autres que moi. Et même si c’est difficile pour mon entourage d’assumer que ma non-consommation d’alcool ne leur convient pas tout à fait, il est assez clair que le simple fait de ne pas en aimer le goût n’est pas une raison suffisante pour ne pas en boire. Pourtant, quand j’apprends à quelqu’un que je n’aime pas les champignons sur ma pizza, ça provoque des réactions nettement moins virulentes. Quelle place occupe donc l’alcool pour bénéficier d’une telle ferveur collective ? L’alcool, c’est un phénomène de société, ça rapproche, ça désinhibe, c’est la fête ! Moi aussi j’ai envie de faire la fête et pour autant, je ne force personne à manger des champignons avec sa pizza sous prétexte que tout le monde le fait !

Je vais te faire boire un truc…

Alors certes, personne, un samedi soir, ne m’a jamais fait gober une Jup sans mon consentement mais les réflexions que j’ai pu entendre parfois pourraient faire l’objet d’une publication dans une encyclopédie, un dictionnaire. LOE : T’inquiètes pas, moi je vais te faire boire un truc que tu vas aimer ! ou Mais du coup, t’es jamais bourrée ? ou Tu veux que j’aille te chercher une gueuze Pècheresse chez le Paki ? Ça tu vas aimer ! … Malgré mon éternelle reconnaissance envers ces personnes qui ont désespérément tenté de résoudre mon anomalie, j’aimerais rappeler que ce n’est pas un problème pour moi, que je vis parfaitement bien avec, ou plutôt …sans.

Ça dérange ?

Pour tout vous dire, je ne sais pas encore bien ce qui dérange, ni même pourquoi c’est si important pour autant de monde. C’est un phénomène de société, la pression sociale. À l’adolescence, on rentre tous dans une phase durant laquelle on doit coller aux exigences sociales, cela devient un but permanent. Boire de l’alcool devient cool et nécessaire. Cette pression que les gens que je croise ont surement subie, ils s’efforcent de la transmettre autour d’elles et eux, à moi notamment, sans forcément réaliser que leur première pils était amère pour eux et elles aussi. Tant mieux si, avec le temps, elle s’est adoucie sous leur palais mais pas sous le mien. Je trouve dommage qu’il soit encore difficile pour certains de me laisser disposer du contenu de mon verre comme je l’entends, sans devoir répondre à toutes ces questions permettant de l’expliquer. Je vis dans un espace libre, je respecte chaque gorgée d’alcool avalée et j’aspire au respect des autres quand moi je n’en bois pas. Je m’appelle Anne-Lise, j’ai 23 ans, je vis à Bruxelles et je bois du jus d’orange.

Auteure : Anne-Lyse, 23 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

Et d’autres décryptages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R