15 mars 2022, ce soir-là, il a tout pris de moi.
Tout ce que j’étais, tout ce que j’avais, tout ce en quoi je croyais, tout ce à quoi je pouvais rêver.
Ce soir-là, en entrant chez moi, en entrant en moi, il a fait disparaître ce « moi ».
Après ça, que dire, que vivre, que faire ?
Une seule solution proposée, imposée, la reconstruction.
Bientôt deux ans plus tard, je ne cesse de me demander s’il est possible d’atteindre, de façon totale et absolue cette fameuse reconstruction tant rêvée.
Reconstruire, pour aller où ? Re-construire en re-prenant quoi du « avant » ? Du « avant », qui m’a amené là.
Construire, avec quoi ? Avec quelle énergie ? Mais surtout, construire quoi ?
Je ne suis pas sûre de penser qu’il soit possible, d’atteindre cette terre promise.
Terre d’optimisme et de pardon. Terre d’oubli et d’idéalisme.
Je ne suis pas sûre que ça soit possible, mais au fond, je me demande si ça n’est pas une bonne chose.
Ne pas oublier.
Ne pas pardonner.
Ne pas accepter.
Mais tenter, d’avancer.
Avancer, non pas pour avoir l’air d’aller mieux, avoir l’air apaisée, avoir l’air moins en colère.
Avancer, pour soi, à son rythme.
Reconstruire ou simplement construire ?
Je ne crois pas qu’on puisse, aussi simplement qu’on nous le dit, reconstruire une partie de son âme qui a été arrachée aussi violement.
Non, je ne le crois pas, mais finalement, je crois que c’est une merveilleuse chose.
Arrêtons, toi, moi, nous, de tenter de recoller les bouts de cette feuille déchirée, arrachée, meurtrie. Prends une nouvelle feuille, blanche, neutre, solide.
Et commence, encore et toujours, s’il le faut.
Mais ne supprime pas, n’efface pas, n’oublie pas, cette part de toi que tu ne pourras peut-être jamais,
Reconstruire.