J’aimerais apprendre à tatouer. Depuis que je suis petite, j’admire les dessins sur les bras de mon papa. Je voulais tellement les mêmes sur les miens ! Parfois, quand papa faisait une sieste dans le fauteuil, je sortais mes plus beaux marqueurs, je me rapprochais de lui à pas de souris, je coloriais ses tatouages pour leur rendre un peu plus de couleurs.
Puis, j’ai compris que les tatouages, ça restait toute la vie. Alors, j’ai commencé à dessiner. Et je ne me suis jamais arrêtée de dessiner. Parce qu’en vrai, dessiner, c’est tatouer une feuille. Peindre, c’est tatouer une toile. Faire de l’art, c’est tatouer l’histoire.
J’ai fait des études d’art. Mais au moment de choisir mon futur, on m’a dit : « Obtiens un diplôme, avant de te lancer. Tatoueuse, ce n’est pas un vrai métier ». Les études, ça tue le temps. Plus le temps de dessiner, plus le temps de peindre. Lors de mes études pour devenir institutrice, je n’ai plus touché un pinceau, alors, je perdais espoir.
Je me suis réorientée vers d’autres études pour être éducatrice. Je me suis rendu compte que je ne pouvais jamais faire ça toute ma vie. Peu importe que ce soit un beau métier, peu importe que ce soit le seul métier que je pouvais faire. Parce que ce métier, c’est un gouffre à émotions.
Alors, je me suis reprise, quitte à rester éveillée toute la nuit. Je dessine, je planifie mes projets. Je me laisse rêver un futur où je marque les corps, et peut-être les esprits. J’ai laissé mes parents mettre un frein à mon avenir. J’ai laissé mes peurs mettre des freins à ma vie.
Auteure : Alessia, 21 ans, Mons
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.