Quand nous avons rencontré Jonas à la mi-avril, il nous a expliqué que ce confinement n’était pas une première pour lui. Il y a deux ans, il était déjà confiné.
Cours en ligne
Je me lève, la maison est calme, j’essaie d’éviter les grasses mat’ mais il est déjà tard. Je descends dans la cuisine, allume la cafetière et ouvre mes boîtes de médicaments. Je déjeune seul en regardant par la fenêtre. Merde ! Il va être 11 heures et mon cours par vidéoconférence va commencer ! J’avale mes derniers médicaments du matin et m’installe derrière mon ordinateur. Depuis mon écran, je vois ma classe et mon professeur, c’est un semblant de vie « normale » qui n’a lieu que trois heures par semaine mais c’est déjà mieux que rien.
Soins
L’après-midi j’ai rendez-vous chez le kiné, mes seules sorties autorisées. J’enfile mon masque et mon bonnet avant de quitter la maison. Dans la rue les passants me regardent d’un air surpris, certains sont mal à l’aise. Dans la salle d’attente, avant la consultation, les autres patients me jettent des yeux curieux ou légèrement apitoyés. Dans le cabinet du kiné, je peux, enfin, retirer ce foutu masque et discuter avec quelqu’un d’autre que ma famille sans jugement, ni curiosité. Je quitte le cabinet l’esprit moins encombré et moins anxieux. Ces trois séances de remise en forme par semaine me permettent de garder un lien social, me permettent de penser à autre chose que cet isolement et cette fichue maladie.
Vie en ligne
De retour à la maison, j’appelle des amis pour jouer en ligne, on parle de tout et de rien, comme avant, ce qui me permet d’oublier un peu ce confinement dans lequel je me trouve depuis plusieurs mois.
Routine …
Ce genre de journée se répète et créée une routine d’isolation, de stress où je dois faire attention à tout : ce que je mange, ce que je bois, ce que je touche, qui je suis autorisé à voir,…Une routine calme, parfois trop, à laquelle je n’étais pas habitué, mais mon corps a du mal à faire plus. Même si la date de fin de traitement se rapproche, mon corps lui, s’affaiblit et j’ai peur et je me réjouis, tellement, de revoir mes amis, d’aller me balader, de faire la fête, de me retrouver au milieu d’une foule, de retourner en cours,… bref, de retrouver ma vie d’avant.
Positif
Ce confinement que j’ai du faire il y a deux ans m’a permis, à l’âge de 19 ans, de vaincre un cancer des ganglions. Ce fut long et éprouvant, autant mentalement que physiquement, mais, grâce aux soins médicaux et au soutien de mon entourage, j’ai pu guérir et sortir de cette forme d’isolement qui m’a permis de réfléchir sur qui j’étais, quelles étaient mes priorités et quel impact positif j’aimerais avoir autour de moi.
Auteur : Jonas, liège, 21 ans
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R
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