Le plus dur quand on est une femme, c’est quand on se prend à regarder sa propre mère subir ce qui lui a été légué, lente transmission immiscée entre les générations.
Elle est là, dans la cuisine, immobile de tous les combats qu’elle pourrait mener, ravagée par le silence de toutes. Elle ramasse la vaisselle pendant que lui part loin, retrouver sa liberté. Elle porte tout en elle, dans son cerveau aux milles labyrinthes, dans son cœur tentaculaire, de la pointure de chacun de ses enfants jusqu’à la rage universelle, mais se contient dans ces gestes quotidiens, un à un ; il manque du vinaigre et du papier cuisson, demain Jules revient à midi, penser à lui donner son nouveau vélo, penser, amasser, ramasser, et la colère qui gronde en elle alors qu’elle nettoie le micro-ondes. Celle qu’on dit femme au foyer, et le poids qu’on ne voit pas, perché sur ses épaules.
Le plus dur quand on est une femme, c’est… mais quand son torrent se déversera, il sera fort, il sera grand, il vous renversera.
Auteure : Maya, 25 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.