C’est une phrase qu’on m’a souvent répétée après que j’aie tenté de me suicider. Je m’appelle Marie, j’ai 17 ans et je souffre de dépression sévère. On ne dirait peut-être pas en me voyant comme ça mais c’est bien le cas. Le 24 février 2023, j’ai tenté de mettre fin à ma vie en avalant une grosse dose de médicaments. Après ce fait, je suis tombée au sol, déjà comme morte. Sentant mon cœur battre partout dans mon corps et un mal partout dans mon corps comme je n’avais encore jamais connu. J’ai fini par être embarquée en ambulance. Je m’en suis sortie avec beaucoup de chance, les médecins ont dit que si j’étais arrivée 5 minutes plus tard, je serais sans doute morte.
Le lendemain je suis sortie de l’hôpital. Tout le monde s’est inquiété mais, quelques jours plus tard, on m’a dit, pour la première fois, cette fameuse phrase: « Arrête ton cinéma ». Quand je parlais de ce qui n’allait pas, on me la disait; quand je parlais de ce qu’il m’était arrivé, il y avait à peine quelques jours, on me la disait. L’air de dire: « Oh, tu as risqué de perdre la vie mais c’était uniquement pour te faire remarquer. Dans le fond tu vas bien, on le sait ». Mais qu’en savez-vous vraiment ?
Une personne que vous avez toujours connu souriante et pétillante, du jour au lendemain, peut, elle aussi, tenter de mettre fin à sa vie. Beaucoup de gens parlent sans forcément mesurer l’impact de ce qu’ils peuvent dire à ces personnes. L’impact que ça a eu dans ma vie était juste le fait de vouloir recommencer jusqu’à réussir. Je pense que le pire là-dedans est quand même que ces phrases viennent souvent des personnes les plus proches de vous: famille, amis, conjoint… les personnes dont les mots sont toujours les plus blessants. J’ai l’impression que personne ne s’imagine ce que c’est de revenir de l’hôpital après avoir voulu mourir. Revoir l’endroit où on a tenté de faire ça, revoir une ambulance dans la rue, retourner dans un hôpital après… Mais, malgré tout, les gens se permettent de rajouter leur grain de sel.
Imaginez-vous que je n’ai que 17 ans et que j’ai déjà tenté de me tuer. Je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte à quel point certaines personnes se sentent mal, certains jeunes, parfois même, certains enfants.
Après toutes ces difficultés que nous rencontrons tous les jours, certains s’étonnent encore que des gens tentent de mettre fin à leur vie, se scarifient, décrochent de l’école, du travail, tombent dans la drogue, dans l’alcool. Il faut se rendre à l’évidence, cette génération souffre plus qu’elle ne devrait.
A écouter aussi en podcast ici
Auteure : Marie, 17 ans, Jodoigne
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.