Lors d’un atelier organisé en partenariat avec Service Citoyen, Scan-R a rencontré Corentin. Dès les premiers échanges, les premiers exercices, on sent chez Corentin une soif de militantisme et d’espoir pour faire bouger une société figée sur elle-même. Aperçu : 

A l’heure où élèves et enseignants se demandent quand finira l’état de crise infligé par le COVID-19, où il devient difficile de suivre continuellement les nouvelles mesures prises par le gouvernement, la question de la santé mentale semble être, plus que jamais, au centre des débats. Cette même santé mentale qui était trop peu souvent questionnée dans le quotidien des acteurs de l’enseignement devient cruciale. Faut-il uniquement se contenter de limiter les dégâts pour les mois à venir ? Ou doit-on interroger le système pédagogique en lui-même ?

Comment en était-on arrivé à un tel point de rupture pour les élèves et les professeurs ? C’est la première question à laquelle nous devons faire face si nous espérons trouver des pistes de solution pour les années à venir. Il faut remonter le temps et revenir à la période « pré-covid » quand école rimait avec stabilité et règles clairement établies.

En tant qu’ancien élève ayant tout juste terminé ses secondaires, je dois avouer avoir été frappé par la place que prenait le stress dans le quotidien des jeunes. Une pression continue qui semble peser de tout son poids sur les épaules des étudiants tout comme sur celles des enseignants les encadrant. Il y a continuellement une échéance importante à venir qu’elle prenne la forme d’un projet à rendre ou d’une évaluation à passer. Qu’est ce qui explique que les matières scolaires provoquent un tel stress chez les élèves ? Pourquoi voit-on une interrogation « ratée » comme une fatalité ? Pour apporter des réponses à ces questions, il faut prendre du recul, sortir du système scolaire pour analyser les idées toutes faites véhiculées par la société. Nous avons tendance à survaloriser la réussite et à dénigrer l’échec. La défaite est vue comme une fin en soi et non comme une étape vers un résultat positif.
Lorsque l’élève ayant des difficultés depuis des années en mathématiques reçoit sa feuille d’interrogation avec un simple 8/20 écrit en rouge, quel message lui renvoie-t-on ?
Il va considérer que les efforts qu’il a mis en œuvre pour arriver à ce résultat ne valaient pas la peine. Le problème étant que si cette situation est appelée à se répéter, le jeune va perdre confiance en lui et laisser tomber. Il ressentira donc soit un profond stress soit un découragement total à l’annonce de la prochaine évaluation. Il est crucial de mettre davantage en lumière les efforts fournis par les élèves. Il faut que chaque étudiant comprenne l’origine de ses fautes. Dans ce cadre, l’existence de remédiations est primordiale afin que le jeune associe son erreur non à un manque de travail ou de capacité mais à un manque de compréhension. Enfin, l’entraide entre les élèves permet à chacun d’échanger sur ses difficultés, de s’inspirer des méthodes de ses pairs et de reprendre confiance pour se sentir utile et compétent.

Il ne faut pas non plus être utopiste. Comment les enseignants peuvent-ils être au courant du cas de chacun ? La première étape serait, sans doute, de réduire la charge de travail des professeurs pour qu’ils puissent renforcer leur relation, base de l’apprentissage, avec les jeunes.

En parlant de charge de travail, il serait totalement contre-productif de l’aborder sans évoquer les programmes scolaires. Ces quotas de savoir à transmettre aux élèves mettent l’équipe pédagogique dans une position délicate. Véritable dilemme entre s’assurer de la bonne compréhension de chacun ou aborder tous les points du programme, il est vecteur de stress pour les enseignants. Ce même stress se répercute sur les jeunes que cela prenne la forme d’un rythme soutenu ou simplement dans la façon de donner cours. Nous devons apprendre à favoriser la qualité à la quantité.

Ensuite, si nous parlons de la question du rythme scolaire, il est impossible de ne pas aborder l’importance des moments de pause. Nous avons tendance à l’oublier mais il reste difficile pour bon nombre de jeunes de rester concentrés pendant plusieurs heures. C’est dans ce cadre qu’il faut mettre en place davantage de pauses dans le quotidien des élèves comme des professeurs. Il est évident qu’une journée entière passée à l’école suivie de plusieurs heures à la maison pour travailler ou étudier des matières scolaires est vecteur de fatigue mais également de stress.

Pour conclure, nous devons voir la crise sanitaire comme une véritable opportunité de remettre en question les systèmes qui nous entourent dont le système scolaire. Transformons cette pandémie en un moteur pour le changement de demain. Commençons par redonner du sens à l’échec, à inverser la tendance pour privilégier la qualité à la quantité et ayons courage de briser le rythme infernal dans lequel nous sommes enfermés bien trop souvent. Ne voyons pas cette remise en cause comme un projet uniquement porté par les étudiants mais également par les enseignants car le bien-être mental est crucial pour l’apprentissage comme pour la transmission de savoirs !

A écouter aussi en podcast ici

Auteur : Corentin, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

Et d’autres récits

LES PETITS AVIS, EPISODE 85

Dès le départ, Scan-R essaye de valoriser la parole de chacune et de chacun ! Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop brefs pour faire l’objet d’un post, nous les rassemblons donc...

Qui veut la fin…

« Qui veut la fin, veut les moyens ». Pas forcément. Il faut prendre le temps de réfléchir à ce qu’on fait et ne pas foncer dans le tas, faire des conneries. Il suffit de réfléchir pour trouver une...

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ?

« L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », quelle phrase hypocrite. Je me lève tard et j'ai accompli des choses, je me lève tard mais je travaille, je me lève tard, pourtant… je ne suis pas...

Pré aire

Le pré carité, là où je fais mon beurre en discutant avec des gens de tout horizon.L’horizon de toit où l’on veut être en dessous pour le bien être. Car sans toit, dure est la vie. Apprendre à crier...

Le sel de la vie

« C’est vrai que ce que nous réalisons n’est qu’une goutte d’eau par rapport à l’océan.Mais sans cette petite goutte, il manquerait quelque chose à l’océan. » (Mère Teresa) J’ai souvent l’impression...

Vous saviez que les bateaux de police « surveillent » les migrants qui traversent la Manche ?

En vacances à la Côté d’Opale avec mes parents, on décide de faire notre première randonnée. En bord de mer, des personnes qui semblent non-européennes se trouvent sur la plage. Avec mes parents, on...

L’automne en poésie

Je suis un cahier dont les mots se posent sur les pagesJe suis le bic qui écrit les lettres de mes penséesEt moi, la main en fluiditéLe tout, un art sans mesure qui rédige à l’authentique les idées...

Les mondes parfaits

A quoi ressemblerait un monde parfait ? La question fut posée à trois adolescentes. Un monde sans…, Assia, 15 ans Un monde parfait, c’est un monde sans IPPJ, un monde où on peut être avec sa...

Equité et partage

Un monde parfait ? Quelle drôle de question… quand on est enfant, on ne se pose pas ces questions, on vit naïvement sans vraiment se rendre compte d’où on évolue. Puis, petit à petit, on prend...

Projets à venir

Voici mes projets. Rentrer chez moi. Retrouver une vie normale. Retrouver mon papa et retourner à l’école. Avoir un petit travail. Être éducatrice plus tard ou tenir un magasin de massage. Pour moi,...