Entre les dates, les propos, les avis d’experts, les volées de bois verts, les chiffres, les vaccins et tout ce qui se dit dans les médias à propos de tout cela, Clémentine est un confuse. Voici sa réflexion sur les médias !

Une expérience

Peut-être l’avez-vous vu passer sur la toile en novembre dernier, peut-être qu’un membre de votre famille ou même votre voisin·e vous l’a envoyé. Réalisé en dix minutes et de manière grossière selon les propres termes de l’auteur, ce document dévoilait que le 12 mars 2021 serait la date potentielle d’un troisième confinement. Durant plusieurs jours, cette annonce a fait tanguer la toile. L’auteur, un trentenaire français, ancien étudiant en sciences humaines, révélera plusieurs jours plus tard dans une vidéo postée sur Youtube la visée de son canular : « L’idée était de révéler très vite qu’il s’agissait d’un canular au travers d’une vidéo, pour montrer que quelques personnes peuvent prendre au sérieux et partager des documents créés en quelques minutes.» En falsifiant un document officiel, à en-tête du ministère de l’Intérieur, laissant entrevoir une série de points et de tirets signifiant “faux” en code morse, celui-ci souhaitait avant tout attirer l’attention de la population sur la viralité d’une « information ». Le tout sans que quiconque ne prenne le temps de vérifier la véracité du propos.

Au-delà de cette expérience, l’auteur défend la visée pédagogique de son faux document. Bien entendu, conscient que celui-ci ne révolutionnera pas le monde, il espère pouvoir laisser une graine de doute, d’esprit critique dans la tête des gens qui ont suivi l’affaire : “Peut-être que cela fera réfléchir certains la prochaine fois qu’ils tomberont sur un document qui traîne sur les réseaux et qui vient conforter leurs propres angoisses”.

Fake news, un symptôme du Covid 19 ?

Face à ce canular, on peut – bien entendu – se questionner sur l’éthique ou la morale de cette expérience, sur sa portée, sa signification. Le Covid a-t-il aussi entraîné une propension aux fakes news ? Est-ce qu’une partie de la population ne croit véritablement plus en rien ? Peut-on encore se fier aux médias traditionnels ? Ou est-ce plutôt un symptôme d’une problématique bien plus grande ? L’accessibilité de l’information et sa légitimité sont une gageure de la démocratie (1).

Pourtant, depuis quelques années, les informations relayées par les médias classiques entraine – selon moi – un désintérêt et une méfiance de plus en plus accrue d’une partie de la population. Changement climatique invisibilisé, lois votées sans consultation populaire, violences policières niées et démenties sont tant d’exemples qui montrent – selon moi – une démission du politique et surtout une défiance prononcée à l’égard des élites pour une partie de la population qui ne semblent pas partager le “même monde” qu’elle. Le contexte du covid 19 a vu émerger un océan de fakes news et un flot continu d’informations qui se contredisent, se mélangent. Est-ce un phénomène nouveau ? Non, selon moi toujours, celui-ci n’a fait que croitre face à l’augmentation de personnes confrontées au numérique en phase de confinement mais aussi face au climat anxiogène diffusé à coup de statistiques morbides et aux informations incertaines relayées par les médias.

“Que demande le peuple ?”

Face à une crise sanitaire et sociale de cette ampleur, nous nous retrouvons confrontés à des situations extrêmes : isolement, interdiction de voir nos proches, de les toucher, de les serrer contre nous, perte d’emploi, maladie, décès, précarité, et j’en passe … Isolés des autres et confrontés à nous-mêmes, nous interagissons dès lors à distance : nous relayons les dernières informations sur nos droits ou sur les nouvelles privations de liberté, sur ce qui se déroule à l’autre bout le monde mais aussi à côté de chez nous. Nous nous retrouvons face à des informations qui pullulent sans trop savoir où donner de la tête. Tantôt nous sommes confrontés à une information, tantôt nous à son contraire. Le doute s’installe, ne sachant plus très bien que ou qui suivre, que ou qui croire, comment et pourquoi …

Face à ces bouleversements, une grande partie de la population aurait, d’après moi, besoin qu’on l’écoute, la rassure, lui explique clairement la situation, qu’elle se sente comprise, soutenue, qu’on décrive sa réalité à elle … De mon point de vue, cette réalité plurielle, n’est pas reflétée, dans toute sa complexité, par les différentes médias.

Vers un idéal médiatique

Au-delà d’une indépendance et de la transparence, un défi majeur pour les médias traditionnels aujourd’hui serait de permettre une plus grande variété et diversité de discours. Autrement dit une meilleure inclusivité de toutes les populations. Le contexte du covid 19 nous l’a bien montré : les mesures drastiques des gouvernements n’ont pas impacté tout le monde de la même manière. Cette diversité des vécus a été sous-représentée. C’est vrai en tant de Covid comme en temps normal.

Je crois aussi qu’une meilleure “pondération” dans la diffusion de l’information permettrait sans aucun doute de s’attarder sur des éléments moins dramatiques et anxiogènes. Selon moi, les médias doivent nous permettre, en temps de Covid, d’être informés des évolutions de la maladie, mais pas seulement. L’idéal serait qu’ils aient un rôle de soutien et nous permettent, par exemple, de continuer à se cultiver. Bref, qu’ils nous offrent des ouvertures du “politique” pour que citoyens et citoyennes aient envie de faire confiance à l’information et se sentent représenté·e·s.

(1) Les résultats du sondage de l’agence Reuters en ce qui concerne la confiance qu’accorde les Belges aux médias est intéressante. Dans l’ensemble, ils et elles sont 45% à faire confiance aux infos reçues, pour la tranche des 18-24 ans, ces chiffres chutent à 35 la méfiance est grande quant aux informations sélectionnées par les médias classiques.

Auteure : Clémentine, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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