Ce qui me révolte, c’est l’homophobie

Ce qui me révolte, c’est l’homophobie

Ce qui me révolte, c’est l’homophobie. Mes parents ont divorcé quand j’avais deux ans et demi. Après leur divorce, ma maman a eu plusieurs copines. À ce moment-là, on ne parlait pas beaucoup de l’homosexualité.  Alors, je ne comprenais pas pourquoi ma maman aimait également les femmes. Je me souviens de la peur que j’avais dans le ventre lorsque l’heure de la fin des cours arrivait.  En effet, j’avais toujours peur qu’elle vienne me chercher à l’école accompagnée de sa copine et que mes camarades de classe le sachent. Même à mes amis, je n’osais pas leur en parler.

Dix-huit ans plus tard, je n’ai plus aucun problème à ce que les autres le sachent. Sa copine actuelle est pour moi comme une deuxième maman et pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’avoir deux parents présents et soutenants.

Plus que d’en parler sans problème, je ressens le besoin d’en faire un combat, parce que j’ai déjà vu qu’en dix-huit années, le combat contre l’homophobie a fait beaucoup changer les choses. Ma mère ose désormais tenir la main de sa copine dans la rue. Ma mère ne s’est plus sentie différente et je n’ai pas envie que ce soit le cas des générations futures. Nous sommes tous nés notamment avec des goûts différents et il faut se battre pour inclure tout le monde et valoriser la différence. Une partie de la population n’aime pas un sexe mais bien une personne et ils ont également leur place dans ce monde.

Auteure : Léa, 23 ans, Bruxelles

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Homosexuel, il a dû fuir son pays

Selon Amnesty (1), aujourd’hui dans le monde, une septantaine de pays considèrent qu’avoir une sexualité différente de celle recommandée ou reconnue par la majorité des religions ou les traditions est un crime, une maladie, une honte. Ces pays pénalisent, emprisonnent, torturent ou condamnent à mort les personnes qui ne sont pas dans la norme. Shukri, en danger en Éthiopie, a dû rejoindre la Belgique pour sauver sa vie.

En Éthiopie

Je suis né en Ethiopie (2). D’après une étude datée de 2007, 97% des gens sont homophobes. Ma famille était très conservatrice et religieuse. Depuis que je suis enfant, j’entends des choses négatives sur les LGBTQI+ (3) et cela a été très compliqué pour moi de m’accepter comme je suis. J’ai dû me battre avec moi-même, cacher mon identité. Je devais contrôler la manière dont je parlais, dont je marchais, afin que personne ne remarque que j’étais et suis homosexuel. Cela m’a blessé et ma santé mentale n’était pas au beau fixe. Personne ne me disait : “Eh, Shukri, tu es normal tu sais, il n’y a rien qui dysfonctionne chez toi.” Non, ce que j’entendais depuis mon enfance, c’est que les personnes gays étaient des pécheurs, maudits, et qu’ils iraient en enfer. Grandir dans une communauté comme celle-là n’a pas été simple.

Obligé de me marier

Je suis arrivé à un point où mon oncle a voulu me forcer à me marier avec une fille. Si je ne n’acceptais pas, il m’a dit qu’il me dénoncerait à la police et m’enverrait en prison pour 3 à 15 ans, selon l’article 629. J’ai vu la colère sur son visage et son expression disait tout… Si je n’acceptais pas, j’allais en prison mais je ne pouvais pas non plus me marier. Me marier, cela ne correspondait pas à la personne que je suis. J’ai pensé à ma communauté qui certainement me tuerait s’ils l’apprenaient. J’ai donc décidé de quitter mon pays et de venir en Belgique pour m’exprimer, de la manière dont je le souhaitais. Je suis simplement un humain avec un rêve. Comme un autre être humain, je veux une vie normale, étudier et décrocher le job de mes rêves. Ma question pour tous les homophobes : si je ne fais du mal à personne, pourquoi ne me laissez-vous pas vivre ma vie en paix ? L’amour c’est simplement de l’amour. Depuis quand devrait-il être criminalisé ?

En Belgique

Ici, pour la première fois de ma vie, je fais plein d’activités, je rencontre de nombreuses personnes et je me suis fait un nouvel ami. Ils sont ma nouvelle famille, ma famille choisie. C’est la première fois que j’entends de la part de quelqu’un qu’il n’y a rien qui cloche chez moi, qu’on m’aime, qu’on m’accepte comme je suis. De chaudes larmes de joie ont coulé le long de mes joues. Grâce à eux, j’ai compris ce qu’était l’acceptation de soi et l’amour de soi qui grandissent de jour en jour. Ils m’ont donné de l’espoir.

(1) Cliquez ici pour découvrir les derniers travaux d’Amnesty autour de ce sujet. (2) L’Éthiopie est un pays Afrique de l’est. Il fait presque 37 fois la taille de la Belgique, est 14 fois plus peuplé. L’histoire de ce pays est très riche. C’est le seul pays d’Afrique à n’avoir jamais été colonisé. On l’appelle aussi le berceau de l’humanité, on y a retrouvé le squelette de Lucy, le premier homme de l’humanité (qui était une femme). On l’associe souvent à la famine qui l’a frappé il y a plusieurs années, mais ce pays reste avant tout un lieu riche de traditions. (3) LGBTQI + : Toutes ces lettres désignent les sexualités autres qu’entre une femme et un homme, un homme et une femme : L pour Lesbienne une femme qui a des relations sexuelles avec une femme, G pour Gay un homme qui a des relations sexuelles avec un homme, B pour Bi une personne qui a des relations sexuelles avec une femme ou un homme, T pour Trans, une personne qui est née avec un sexe qui ne correspond à celui de son coeur, Q pour Queer la traduction de ce mot est bizarre, une personne queer est une personne qui ne se reconnait pas dans l’hétérosexualité sans pour autant, ou pas, se définir comme gay ou lesbienne. I pour Intersexe, ce sont des personnes qui, lors de leur naissance, ne sont pas nées femmes ou hommes. + pour toutes les sexualités qui ne sont reprises dans cette définition.

Auteur : Shurki, 23 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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