Chère Bruxelles,

Comment vas-tu ? Moi, cela pourrait aller mieux, mais je fais avec les moyens du bord pour surmonter les difficultés. En parlant de difficultés, laisse-moi t’en présenter une des plus belles : Jérusalem. Pourquoi ce mot pour décrire une ville ? Patience, l’explication arrive.

Jérusalem, ville qui tend à prétendre deux fois au titre de capital, ta presque consœur en quelque sorte, repose sur un équilibre curieux mais extrêmement intéressant. Visualise une salle de bal de fin d’année. Au milieu de la piste, des danseurs interprètent une valse, en trois temps. Le tout exécuté dans un parfait accord entre chaque partenaire de danse. Dans le respect et la considération de chacun. Trois temps, trois religions. Judaïsme, Islam, Christianisme. Une valse où les danseurs évoluent gracieusement sur la piste. Harmonie, beauté, compromis.

Transforme maintenant cette danse en une énergie contagieuse, apaisante et lumineuse. Tu as devant toi l’énergie dégagée par la vieille ville de Jérusalem. Impressionnant ? Laisse ensuite cette énergie t’envahir, accueille-là au creux de chacune de tes cellules, fais-là tienne. Retourne dans la salle du bal, toujours accompagnée de cette énergie. Regarde autour de toi. Vois, constate et regarde encore. Constate le changement d’ambiance, écoute la rumeur qui s’élève de la foule aux alentours de la piste. Sens la dissonance avec ton énergie. La cause ? L’entrée de mauvais élèves sur la piste. Ceux qui n’ont rien retenu des leçons de danse et qui surjouent dans une symphonie manipulatrice et mensongère. Peur, domination, haine, ont pris la place de l’harmonie, de la beauté et du compromis. Il n’est désormais plus question de s’accorder à son partenaire mais bien de prendre le dessus, de le dominer. Dans un enchainement de faux pas, le respect de son partenaire disparait. Plus d’écoute, plus de compréhension. Terminé, la mystique énergie qui se répend de la vieille ville jusqu’au plus profond de ton âme.

Bonjour la réalité : colonisation, check-point, injustice à n’en plus finir. Tous les spectateurs de la salle, déçus, partent, indignés, mais nourrissant peut-être un fol espoir d’une divine prestation éclairant les cœurs et les esprits… La voilà, la difficulté : réaccorder une ville pour lui faire retrouver sa magie.

Ce récit a été réalisé dans le cadre du projet Israël-Palestine : Pour Mieux Comprendre.

Auteure : Nour, 18 ans, Bruxelles

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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