Eline nous parle de ses blocages, de ses masques, de sa cape d’invisibilité à certains moments.
Et toi, tu aimes quoi?
Aujourd’hui, c’est un atelier d’écriture. J’ai déjà mes pensées qui partent dans tous les sens. Puis, on me dit “écris ce que tu penses”. Et là, je n’ai plus rien qui vient. C’est comme un blocage, une page blanche, un trou vide très profond. Dès qu’on me demande de parler de moi, il n’y a rien qui vient. Il n’y a rien qui sort. Au fond, je ne sais pas qui je suis ou bien je me le cache à moi-même.
Dans une classe, tu as souvent le footballeur, le fan de manga, l’humoriste, le mec populaire, celle qui veut changer le monde et puis tu as moi. Même la prof’ m’oublie quand elle prend les présences. Beaucoup de personnes ont une vie complète, bien rôdée entre l’école, les amis, le sport, la famille. Est-ce que ce ne serait pas stéréotypé tout cela ? J’ai l’impression que je passe mon temps à fuir l’ennui en écoutant de la musique et en regardant le plafond.
Je suis de celles qui passent innaperçu, qui pensent beaucoup trop. Et quand on me pose la question : “et toi tu aimes quoi ?”, je réponds en fonction de ce qu’attend l’autre. Par exemple, si une fan d’Harry Potter me parle des 18 films qu’elle a vu trois fois, je vais lui répondre “Harry Potter”, alors que je connais à peine. Ou alors, je donne une réponse banale : “J’aime bien manger”. Mais pourquoi est-ce que je réponds cela ?
Je pense qu’on est plein à avoir 1000 filtres et ne pas arriver à les enlever. On a beau essayer, essayer, on reste bloqué avec nos peurs, nos filtres, nos angoisses, notre masque. Comment arriver à enlever tout ce brouillard et peut-être un jour être soi-même ?
Mais au fond, est-ce qu’on n’a pas peur de savoir qui on est ?
Auteur : Eline, 16 ans, Clavier
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R
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