Aujourd’hui, j’ai 18 ans. Enfin, pas tout à fait. J’ai 18 ans quand cela arrange mon père qui ne doit plus jouer les taxis.
J’ai 18 ans quand l’État demande mon vote pour soutenir un parti.
Mais, parfois, je me lève et découvre que j’ai 12 ans.
J’ai 12 ans dans les repas de famille où l’on nie mon avis. J’ai 12 ans quand je parle de mes rêves, que mon innocence s’achève.
On me fait sentir femme-enfant, que je comprendrai avec le temps.
Puis, certains jours, je me couche et réalise que j’ai 35 ans.
J’ai 35 ans quand on me coince dans mille responsabilités, qu’on brade ma liberté.
J’ai 35 ans quand je dois choisir un métier à faire jusqu’à être retraité, mais je n’entre qu’à l’université.
J’ai des problèmes d’adultes, à croire que je suis juste inculte.
Est-ce moi le problème ?
Ou ce monde anxiogène ?
La société nous compresse, nous oppresse, nous opprime.
Nous fait sentir illégitime.
Aujourd’hui, j’ai 18 ans.
Mais je voudrais l’innocence d’un enfant et l’expérience d’un parent.

Auteure : Eglantine, 18 ans, Braine-l’Alleud

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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