C’est dans la fumée d’un joint que Lucas a cru oublier la tristesse liée à la disparition de sa grand-mère… Au bout du compte, hélas, il semble qu’il s’est plutôt oublié lui-même.
Premier joint
Je m’appelle Lucas, j’ai 16 ans et depuis que j’ai 12 ans, je suis fumeur de cannabis (1). Depuis 4 ans donc, je fume tous les jours. J’ai commencé après le décès de ma grand-mère. Cela qui m’a fortement aidé, non pas à oublier son départ mais plutôt à me contrôler, je suis quelqu’un de nerveux. Je ne prends aucun traitement mais je fume, et ça calme. Quand j’essaie de ne pas fumer, je deviens plus agressif, le cannabis c’est devenu une addiction. Je ne fumais pas du tout avant son décès mais le manque de ma grand-mère était trop important pour moi et je ne pouvais plus supporter cette douleur. J’ai donc commencé à fumer tous les jours en me disant que la douleur partirait, elle aussi, en fumée.
Un être unique
Le jour où j’ai appris qu’elle était morte, je me suis focalisé sur tous les moments passés avec elle, ils passaient en boucle dans ma tête. Elle était comme ma deuxième mère, cette complicité, je ne l’avais avec personne d’autre. Je garde au fond de moi les moments partagés avec elle. Le moment où j’ai eu le plus mal, c’est à l’enterrement, je ne suis pas du genre à pleurer mais ce jour-là, je suis tombé en larmes quand on a passé sa musique préférée. Un sifflement dans mes oreilles est apparu et l’air est resté dans ma tête pendant des jours, impossible de ne plus rien entendre. C’est à partir de ce moment-là que je me suis mis à fumer… Pour ne plus repenser à ces bruits associés à la souffrance de l’avoir perdue.
Accro
Ceci dit, le cannabis n’a pas que le bon rôle de l’histoire. La première fois que j’ai fumé, j’ai attrapé un mal de tête, j’ai été saisi de vomissements. Le pire, c’est cette sensation de mollesse. Quand je fume, je me sens mou, je n’ai plus envie de bouger et j’ai faim. J’ai perdu de l’endurance aussi, et de la rapidité. Aujourd’hui, je n’en ai plus forcément besoin par rapport au décès de ma grand-mère mais c’est devenu une addiction. Cela fait maintenant quatre ans qu’elle est décédée. Ma nervosité vis-à-vis de son absence s’est transformée en douce nostalgie. Penser à elle, aux souvenirs passés ensemble et à l’amour qu’elle me portait a plus d’impact qu’un joint. Bien sûr, j’ai envie d’arrêter de fumer mais je n’ai pas encore trouvé d’autres solutions pour diminuer ma nervosité. Le coup de penser à ma grand-mère ne marche malheureusement pas avec tout ce qui me rend nerveux dans la vie… mais j’en trouverai d’autres.
(1) Le cannabis, est une drogue. Ses effets sur l’être humain varient en fonction de toute une série de données, si le produit est très concentré ou pas, quelle est la consommation… Dans les effets, il y a, par exemple, un sentiment de bienêtre, une impression de planer… Il arrive aussi des effets contraires comme un sentiment de profond malaise, d’angoisse… D’autres effets secondaires existent aussi, Lucas en parle dans son article.
Auteur : Lucas, 16 ans, Amay
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance
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