La dernière fois que je suis allée chez ma psy, elle m’a sorti au milieu de la séance : « Au fait ton problème, c’est que tu es profondément gentille. » J’ai rougi et lui ai répondu « Bah non », elle a argumenté et j’ai encore plus rougi. Oui, je suis profondément gentille.

Je ne supporte aucune once de méchanceté, d’injustice, je n’arrive pas à accepter que des gens soient mauvais ou en partie mauvais et leurs trouve des excuses. Même au pire connard que j’ai rencontré. Je n’arrive pas à accepter que mes proches puissent aller mal et que je ne puisse rien y faire. Je ramasse la peluche qu’un enfant a laissé tomber, je peux poursuivre quelqu’un dans la rue, car il a oublié sa casquette. J’ai envie de faire un câlin à une personne quand elle est triste, même si je ne la connais pas. Je suis fière pour la plus minime victoire que quelqu’un a accompli. Je ferais tout pour que quelqu’un sourie. Et tout ça, sans arrière-pensée, sans réfléchir. Juste, je suis gentille.

Le problème dans le monde actuel, c’est qu’être « gentil » est devenu un défaut. Ma gentillesse est devenue un défaut. J’angoisse devant un monde injuste, je me fais marcher dessus et je suis la cible préférée des manipulateurs.

En résumé, être gentil est devenu une angoisse quotidienne. Ce monde n’est pas fait pour les gentils, les bisounours. On contemple quotidiennement le désastre qu’est l’humanité et qu’on préfère occulter pour ne pas souffrir. Pourquoi les gens font la guerre ? Pourquoi se moquer d’autres êtres humains ? Pourquoi on n’arrive pas à se respecter les uns les autres ? Autant de questions balayées et écrasées dans un coin de notre tête afin de continuer à espérer. Que le monde ira mieux, que la prochaine personne qu’on rencontrera nous veut du bien, qu’on laissera un peu plus de place aux bonnes choses, que la gentillesse deviendra plus naturelle que de se taper les uns sur les autres.

Alors je vous propose à vous tous qui me lisez, de conquérir le monde par la gentillesse. Réfléchissez à un truc agréable que vous pourriez faire à vous ou à quelqu’un d’autre sans rien espérer en retour. Glissez un mot gentil dans une boîte aux lettres, souriez à un passant, dites à un proche que vous l’aimez,… Essayez, et vous verrez que ce n’est pas si terrible.

Auteure : Laureline, 19 ans, Ath

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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