Depuis que je suis adolescente, il est rare de me croiser sans eyeliner. Chaque matin, je sors ce petit feutre noir pour habiller mon regard.
Adolescente, j’ai rapidement su que j’aimais les filles. J’ai eu un rapport flou à ma sexualité pendant longtemps, car si je savais que je n’étais pas hétéro, mon rapport aux hommes n’était pas pour autant défini.
Aux prémices de l’envie de plaire, j’ai longtemps eu du mal à savoir par qui j’avais envie de me faire remarquer, quels codes et critères de beauté j’avais envie de renforcer. Longtemps, j’ai malgré moi eu envie de plaire aux hommes, qu’ils me trouvent jolie, me désirent. Et même si je partageais mon quotidien avec des femmes, je gardais honteusement cette envie quelque part dans mon esprit.
Quand je me suis autorisée à vivre ma sexualité, mes attirances, et me dire lesbienne, mon rapport à l’apparence et la féminité a changé.
Chaque matin, j’ai continué à sortir ce petit feutre noir pour habiller mon regard, mais j’ai changé de manière de procéder. Parfois outrancier, parfois avec des étoiles, ma queerness m’a libérée.
J’ai adopté une féminité qui me correspondait, j’ai testé les tenues les plus légères aux plus sobres.
J’ai continué d’apprécier ce geste du quotidien, mais cette fois plus affirmée, confortable dans ma sexualité.