Ma façon de vivre, c’est aider les personnes. Savoir écouter leur malaise, leur douleur, tous les jugements que beaucoup ont fait sur les personnes de la rue. Chaque critique fait du mal, il manque beaucoup de lumière de chaleur, il manque beaucoup de dignité humaine.
Moi qui ai vécu dans la rue, j’ai été critiqué de ma façon de vivre dans la rue. Mais personne ne pose la bonne question : « Comment, moi, suis-je arrivé dans la rue, à Charleroi ? ». A cause d’une séparation. Mais beaucoup m’ont aidé dans la rue.
Comment avoir un café chaud, avoir un chocolat chaud, savoir prendre une douche, changer de vêtements et savoir dormir dans un lit et avoir chaud, et être toujours en sécurité ? Quand tu ne dors pas à l’abri de nuit, on cherche toujours la chaleur, même avec toute la peine qu’on a de vivre dans la rue.
Mais il y en a qui préfèrent une autre lumière, partir dans un autre monde avec les pleurs qu’on a de voir un ami ou une amie décéder dans un squat ou dans une tente ou dans un garage. Personne ne peut comprendre la souffrance de vivre dans la rue. Nous sommes des soldats, des gladiateurs pour mettre nos amies et amis en sécurité, des soldats pour protéger nos valeurs et nos amies et amis de la rue. On est des humains et pas un déchet qu’on jette dans un sac poubelle. On a aussi un cœur avec de la valeur humaine et de la dignité. Message aux personnes qui nous critiquent et ont le temps de nous juger : « On n’est pas beaucoup à vivre dans un logement ».
Merci à vous, les personnes de la rue et toutes les structures qui nous aident à avoir un café, un chocolat chaud, une douche ou des vêtements propres sur nous. Merci aussi à l’abri de nuit de nous faire dormir dans un lit, avoir un repas chaud et savoir prendre une douche.
Je dis aussi merci à Solidarités Nouvelles et au DAL de m’avoir aidé à comprendre comment aider d’autres personnes qui vivent mal dans leur logement, merci à La Table Ronde de nous avoir offert un colis et à manger, un café, de la soupe, un chocolat chaud et des vêtements propres. Un grand merci aussi à Denis d’être toujours là pour aider les personnes, avoir de quoi avoir chaud dans leur tente.
ndr : Parfois, Scan-R partage la parole des personnes ayant plus de 30 ans. Elles écrivent au sein d’institutions en lutte contre la précarité.
Auteur : Willy, 47 ans, Charleroi
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.