Je suis généreuse quand je donne aux autres, mais je trouve que ce n’est pas une si bonne chose. « Être généreux », « donner », c’est se rendre compte que d’autres ont moins, et que moi, j’ai plus. C’est se poser la question : « Pourquoi est-ce que j’ai plus ? ». Et savoir qu’avoir plus, c’est avoir de la supériorité, du pouvoir sur l’autre à qui l’on donne, les nécessiteux, les pauvres, les miséreux. Inconsciemment ou non, on méprise les personnes précaires. Et, je déteste la charité et la pitié.
Ce dont je rêve, c’est d’une réelle solidarité. C’est d’un monde où on ne considère pas les pauvres comme inférieurs, mais où l’on assume que c’est le résultat de systèmes, de notre histoire, des rouages de notre société. D’un monde où tout le monde a à manger, parce que c’est comme ça, c’est un droit, plutôt que d’avoir d’un côté les pauvres gens et de l’autre des sauveurs charitables.
D’un monde où l’argent n’a pas le pouvoir de vie ou de mort, ni d’exclure socialement.
L’argent doit perdre de son pouvoir, et l’image positive de la générosité aussi.