Alors oui, depuis petit j’ai une hantise, une peur qui me poursuit. Dans mes rêves ou en pleine journée, l’échec, comme une vague qui s’abattrait sur moi, l’échec de ma vie comme un château de carte soufflé par le vent. Est-ce pour ça que je suis devenu un connard aigri ? Ou que je suis en train de le devenir ? Sacrée question à laquelle je ne pourrais probablement pas répondre moi-même. C’est en tout cas pour ça que je suis aussi dur avec moi-même et donc aussi dur avec les autres parfois, je le sais mais le savoir ne change rien, ça je le sais aussi.
Mais pourquoi je crains l’échec ?
Mes parents ne m’ont jamais mis d’objectifs inatteignables, ils n’ont jamais voulu que j’accomplisse des miracles ou pire ils n’ont jamais fait des projections sur moi de leurs échecs personnels, donc pourquoi ? En fait, je pense justement que c’est là le cœur du problème, mes parents ont des objectifs dans la vie que je considère comme très correct pour moi qui connait leur vécu mais qui ne me suffisent pas. J’ai toujours ressenti un manque étant petit, un manque d’ambition, une envie de manger le monde que je ne pouvais assouvir et que je trouvais illégitime de ressentir : on dit souvent que pour faire des grandes choses, il faut vouloir être le meilleur dans son domaine, eh bien je suis de ceux-là. Je ne parle pas d’écraser les autres, même si j’en donne parfois l’impression quand je me laisse entrainer par le courant qui me régit, je parle de vouloir être le meilleur comme on voudrait gagner une course. Si je cours moi, c’est pour aller le plus vite, c’est pour faire un meilleur score que celui que j’avais fait avant, c’est pour me dépasser.
Donc je me suis créé des objectifs seul, car c’est la seule manière que j’ai trouvé d’assouvir ce besoin intérieur. Et j’ai tellement peur de ne pas les atteindre que parfois l’échec me terrorise, je me sens presque comme pris au piège, paralysé par mes propres émotions. L’idée fantasmée que j’ai de moi et de mes objectifs m’empêchant de voir les choses clairement. J’ai peur de l’échec car j’ai peur de ne pas arriver à me plaire à moi-même peut-être, et par extension, que les autres s’en rendent compte comme moi je m’en rends compte.
Auteur : Thibault, 24 ans, Louvain-la-Neuve
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.