Scan-R organisait des ateliers d’écriture au sujet des inondations (Province de Liège, 2021). A Liège et Verviers, des jeunes avaient alors l’opportunité de s’exprimer sur le drame.
Je crois qu’il est déjà trop tard. Trop tard pour reculer, trop tard pour réparer sans casser autre chose. Nous vivons dans une société qui augmente, qui déborde, qui se multiplie sans fin. Et chaque naissance pose une question silencieuse : où vont vivre ces familles ? Où planter leurs racines quand le sol se fait rare, quand les vallées deviennent des pièges ?
Nous sommes pris dans un cercle vicieux. Construire pour abriter, mais en construisant, dérégler le climat, et en dérèglant le climat, provoquer des catastrophes là où l’on pensait offrir du confort. C’est donner un toit à l’un, et l’arracher à l’autre.
Il y aurait peut-être une issue, un ralentissement, un souffle, une pause. Construire autrement. Réinventer les ruines. Faire renaître les anciennes usines, les lieux abandonnés, transformer les cicatrices du passé en promesses d’avenir. Des écoquartiers, des villes qui respirent, des quartiers qui ne grignotent pas la nature mais l’épousent. Mais je doute.
Je doute que notre ville, notre province, notre pays puissent inverser le courant d’un fleuve mondial. Ce n’est pas une marée locale, c’est un raz-de-marée planétaire. Et pourtant… si le monde entier décidait, ensemble, de bâtir autrement, de penser autrement, de vivre autrement, peut-être que le désastre ralentirait. Peut-être. Mais il est trop tard pour revenir en arrière. Alors il ne reste qu’une chose à faire : avancer autrement.
Auteure : Joudia, 17 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.