9h35, ça va faire 20 minutes que j’attends devant cette porte. Je n’ai pas envie d’être là, j’ai répondu à l’annonce par hasard. En plus, j’ai menti sur mon CV. Je n’ai même pas de diplôme.
Ah, ça y est, il ouvre. Il s’excuse de son retard. Je ne suis apparemment pas le seul menteur ici. Il me parle d’une réunion qui s’est éternisée, alors qu’il lui reste du chocolat sur le coin de la bouche. Bref. Je m’assoie, je ne sais pas ce que je fous là. « Quel est votre plus gros défaut ? ». Question à la con, comme si j’allais dire la vérité. Je lui sors le classique : « trop perfectionniste ». J’ai lu ça sur Internet mais je ne sais pas trop ce que ça veut dire, en vrai. « Je vois sur votre CV que vous parlez couramment le chinois ? ». Impressionnant. Oups, j’avais oublié ça.
Heureusement, je suis le roi du bluff. Fin, c’est ça ou le mec est particulièrement stupide. Le pire, c’est qu’il fait genre qu’il comprend quand je parle « chinois ». Il me dit même que mon accent est impeccable. Si seulement il savait que je venais d’inventer cette compétence.
Je pense postuler plus souvent avec des diplômes aléatoires pour occuper mes journées. C’est plutôt drôle de duper des directeurs pleins de diplômes, sans même avoir de CESS. Ah oui, en fait, je commence lundi, en tant qu’ingénieur.
ndlr : Texte fictif inspiré d’une illustration dessinée par Zam Zadeh
Auteur/e : Anonyme, Mons
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.