Je marche en ville quand je le vois ;
Pas un visage connu mais plutôt celui d’une catégorie de personnes à part.
Il est là. Il fait le tour des gens.
Il cherche quelques pièces pour s’acheter de quoi manger, il dit.
Mais, quand il s’approche de moi, voilà que le doute m’assaille.
Est-ce vraiment de la nourriture qu’il va aller acheter avec les quelques centimes que je pourrais lui donner ?
On m’a souvent dit que l’argent leur servait à se piquer, alors qu’est-ce qui me dit que pour lui, ce serait différent ?
Et puis, on m’a beaucoup répété de ne pas trop me retourner pour fouiller dans mon sac par risque d’être volée, car ces gens-là, au fond, ne sont-ils pas un peu désespérés au point de voler ?
Alors, quand je le vois, presque malgré moi, je détourne quelque peu les yeux, je bredouille un « Je n’ai rien sur moi » ou un autre petit mensonge du genre.
J’aimerais pourtant l’aider, cet homme ou cette femme qui se retrouve dehors sans pourtant n’avoir rien demandé, mais il y a cette part de moi qui, presque automatiquement, prend peur à cause de ce qu’en dit la société.
Peur de quoi ? Je ne sais pas. De me faire agresser par cet inconnu affamé ? De me faire piquer un paquet de mouchoir ou quelques bibelots dans ma poche ? Ou simplement peur, en m’attardant trop sur cette personne, de me rendre compte que, au fond, le pas pour se retrouver sans toit n’est pas si grand qu’on le pense et que si, ici, personne ne prend la peine de l’aider, qui pourrait bien le faire pour moi si j’étais dans le cas.
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Auteure : Emma, 22 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.