Elle était là depuis 20 ans. Seule. Dans le noir. Cette vieille machine à écrire avait été déposée dans la cave de l’Auteur depuis qu’il avait reçu son tout premier ordinateur portable (on peut parler à ce moment-là de révolution technologique !). Elle avait pourtant cru à maintes reprises qu’il viendrait la délivrer de cette solitude. À chaque pas dans les escaliers, la machine pensait que l’Auteur viendrait pour elle. Aujourd’hui, elle n’en était plus si sûre. Coincée entre les tuyaux, elle échappait par miracle à la rouille sans savoir comment ni pourquoi.
Mais un beau jour, l’Auteur descendit à la cave et se dirigea vers la machine à écrire, dont le cœur s’emballait. Il la prit et la remonta, avant de se diriger vers l’extérieur. La lumière du jour fit frémir ses touches, tandis que la dernière feuille, jaunie par le passage des années, brillait de mille feux.
Lorsqu’elle fut déposée, la machine se rendit compte qu’elle se retrouvait sur une table entourée de vieilleries. De vieux chandeliers poussiéreux, des pièces anciennes, et même un globe terrestre ! Où l’Auteur l’avait-il amenée ?
La petite machine n’eut pas le temps de réfléchir qu’une voix se fit entendre : « Combien pour la machine, m’sieur ? ».
L’Auteur lui répondit : « Tu n’es pas un peu jeune, fillette ? Je l’ai payée 1500 francs à l’époque, je t’en demande 800 ».
« Je la prends pour 600 francs, ça se voit que vous en voulez plus, elle est pleine de poussière en plus ».
L’Auteur accepte et la fillette repart avec son affaire. L’Auteur la regarda partir le sourire aux lèvres.
La machine, exaltée de respirer l’air frais et de voir d’autres paysages que ceux de la cave de son ancien propriétaire, ne se rendit pas compte que la petite fille l’avait déjà ramenée dans sa chambre. Pendant des jours, l’enfant écrivit des lignes et des lignes, mais comme chaque enfant, elle finit par se lasser de cette vieille machine. Le cœur de la machine se brisa quand la fillette s’empara d’elle pour aller la déposer au grenier.
Mais soudain, une petite feuille s’échappa d’un tiroir secret. L’enfant prit le papier et y découvrit un mot de l’Auteur qui disait : « Prends soin de cette machine comme du plus beau des trésors. Je n’ai pas été capable de m’occuper d’elle comme j’aurais dû le faire, mais c’est grâce à cette machine que je suis devenu auteur. On ne doit jamais oublier d’où on vient. Utilise-la pour écrire l’avenir, sans jamais oublier le passé. »
La petite fille se fit alors la promesse de ne jamais délaisser sa machine à écrire, et de l’utiliser pour devenir une grande écrivaine à son tour.
Auteure : Marie, 25 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.