Courage, mes amies et amis de la rue ! Courage face aux difficultés de dormir dehors, de rentrer dans un abri de nuit ou d’avoir un squat. Nous sommes prisonniers de la rue, et chaque douleur reste gravée dans notre mémoire à vie. Nous restons dans le brouillard, toujours à apprendre qu’un ami ou une amie a quitté notre monde. Chaque disparition nous fait mal au cœur, et nous sommes toujours en deuil, car nous avons peur d’apprendre que quelqu’un que nous aimons a disparu.
Vivre dehors est une grande bataille et un grand chagrin pour toute personne qui y vit. Mais nous sommes tellement épuisés par les critiques et les jugements, et par l’image négative que beaucoup ont de nous sans vraiment connaître la rue. Nous sommes profondément touchés par la déception d’être trahis par la société. Comment pouvons-nous guérir et trouver la force de mieux avancer ?
Il y a des moments où nous préférons rester silencieux, par peur de parler de notre vie dans la rue. Nous n’avons pas besoin de vos critiques ou de vos jugements ; nous avons besoin de votre aide pour sortir de la rue, avoir un abri de nuit et être en sécurité en nous-mêmes.
Je ressens beaucoup de chagrin, surtout maintenant que j’ai un logement, car cela me fait mal de regarder par la fenêtre quand il pleut ou qu’il fait froid, en pensant à mes amies et amis de la rue. Il faut un courage énorme pour vivre dans la rue. Aujourd’hui, la même bataille continue : voir tous mes amis sortir de la rue et se retrouver dans un logement, et pouvoir parler de notre vécu dans la rue.
Toutes les personnes qui restent dans la rue doivent se battre chaque jour pour manger, se doucher, changer de vêtements et rester propres. Elles ont besoin d’un café chaud, d’une soupe, d’un chocolat chaud ou d’une tartine avec de la confiture. La Table Ronde et d’autres organisations continuent à lutter, en distribuant des colis alimentaires et en aidant les personnes. Mais la vie est tellement difficile pour avoir un bon logement, surtout avec les marchands de sommeil qui profitent des amies et amis de la rue, alors qu’il y a tant de logements vides dans les villes.
C’est particulièrement dur de voir les SDF chassés des villes comme Charleroi, Namur, Liège ou Bruxelles, parce qu’ils dorment dans la rue ou dans une entrée, à la gare ou dans un garage. Le DAL nous aide à trouver des solutions pour que personne ne dorme plus dans la rue.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et toutes les rencontres que j’ai faites dans les réunions. J’ai appris comment aider ceux qui vivent dans des logements insalubres. Aujourd’hui, il y a moins de dignité humaine et moins de respect.
NDLR : Parfois, Scan-R partage la parole des personnes ayant plus de 30 ans. Elles écrivent au sein d’institutions en lutte contre la précarité.
Auteur : Willy, 58 ans, Charleroi
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.