« J’ai mis 19 ans à être fier de moi ». Voici la phrase que je me suis dite à moi-même lors d’une promenade anodine en me perdant dans mes réflexions. Ces réflexions qui nous font faire le point sur nous-mêmes, sur ce que nous vivons au quotidien mais également sur notre histoire personnelle. Tout y est passé : famille, école primaire et secondaire, bénévolats, travail, engagements sociaux, et choix des études supérieures mais, au beau milieu de ma tornade de pensées, un sentiment m’a pris.

Il m’a paralysé de la tête au pied, criant d’une vérité qui semblait être enfouie au plus profond de moi-même : un sentiment de plénitude. Se sentir plein, drôle de sentiment que j’ai ressenti. Il m’est difficile de l’exprimer en d’autres termes. Sans doute que le mot fierté est le plus proche synonyme, fier d’être en phase avec soi-même, fier d’enfin avoir l’impression de se connaître, fier d’avoir fait la paix avec son passé pour mieux appréhender son futur, fier de se sentir capable d’émettre ses propres choix en passant sous silence une série d’obligations sociales, tout simplement fier d’être SOI. Ce sentiment m’a semblé tellement naturel et, à la fois, étrange comme si je le découvrais pour la première fois.

L’être humain aimant bien douté de lui-même et se questionner continuellement, je me suis directement demandé qu’elles étaient les raisons pour lesquelles j’éprouvais ce sentiment alors qu’il ne m’empêche pas de ressentir du stress, d’éprouver certaines peurs et qu’il ne rend pas mon avenir moins incertain aujourd’hui qu’hier.

Mais ce qui a changé, ce ne sont pas mes émotions mais la façon dont je les comprends, je les appréhende et j’en fais usage. Je pense avoir atteint une nouvelle phase dans ma vie. J’ai grandi et compris que cacher ses sentiments ne servait à rien, qu’ils n’étaient que le reflet de besoins (in)satisfaits. Alors, je me suis demandé si ma vie était devenue plus simple pour autant ? Il est évident que je ne peux répondre par l’affirmatif mais, aujourd’hui, je ne cherche plus à fuir les événements positifs comme négatifs que je vis au quotidien. J’ai mûri et compris qu’il faut accueillir ce qui nous arrive sans que cela ne remette notre entité propre en question, cette entité qui est à la base de qui nous sommes, notre socle fondateur.

Tout mon parcours fût essentiel pour qu’aujourd’hui, je me sente plein. Chaque défaite a compté et pesé autant que les réussites, chaque moment de doute fût aussi important que mes moments d’intime conviction, chaque bas m’a été autant bénéfique que chaque haut pour me permettre de mener de telles réflexions. Errant toujours dans les rues de mon quartier, la tête emplie de questions, je me suis arrêté net. Heureux d’avoir éprouvé ce sentiment, j’ai cherché à le conserver, à le graver dans le marbre, j’ai pris un stylo et un bout de papier et j’ai écrit sans une once d’hésitation « aujourd’hui je ne suis plus seulement fier de ce que je fais ou ai pu faire mais aussi de qui je suis ». Depuis ce moment, ce papier m’accompagne partout où je vais. Je le relis quand je doute de moi-même pour me rappeler, que malgré les difficultés, je suis heureux d’avoir mis 19 ans à être fier de moi.

Auteur : Corentin, 19 ans, Anderlecht

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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