La drogue
– Pourquoi vous fumez monsieur ?
Ça m’aide.
– Comment ça vous aide ?
C’est ma façon de tout oublier. Je tiens à préciser : je ne suis pas accro. J’ai déjà réussi à arrêter pendant 1 an et demi. Vous allez me demander « Pourquoi avoir recommencé ? » Ce n’est pas facile de parler de ça car la situation dans laquelle j’étais m’a fait beaucoup de mal… J’ai repris la fumette après une séparation qui m’a fait énormément de mal parce que j’ai subi une trahison. Et cela m’a fait réfléchir à tout, tout le temps. Ça m’énervait et me mettait dans un bad mood.
Un jour, j’ai revu un ancien pote et il m’a proposé un joint. Je me suis dit « ça craint, j’ai arrêté », mais il y a ce côté diable qui me dit « Fume, t’es pas bien ». Sur ce point, il avait raison, donc j’ai fumé.
Au début, rien ne s’est passé et puis, d’un coup, j’ai senti que je planais, je ne pensais plus à rien… J’étais libre. Après cette sensation de liberté, je savais que c’était illégal et que ce n’était pas bien vu par la société. Mais je m’en foutais, l’essentiel était que ça me faisais du bien. C’est un sentiment, ça comble, c’est devenu une aide pour compenser certains sentiment, mais aussi certains besoins. En revanche, il y a un point négatif : ça me rend parano parce que je réfléchi blindé. Mais encore à ce jour, je me rends compte que si je n’avais pas la fumette, je ne serais plus ici…
– Vous vous êtes remis de cette rupture ?
Oui, bien sûr.
– Alors qu’est-ce que vous essayez de fuir à l’heure actuelle ?
Je m’attendais à cette question. J’ai repris il y a deux ans. En deux ans, j’ai vécu des trahisons, connu des gens qui étaient là par intérêt. Mais je les ai aimés. Il y a encore eu des ruptures, aussi. Bref, j’ai vécu quelques déceptions et j’en aurai encore, je vis avec. Comme on dit chez moi « C’est la vie ! » Il faut se relever tout le temps. Alors je me suis construit une carapace derrière une fausse image de moi, une image de mec de cité. Je joue avec cette image, mais au fond je suis un gars bien.
– Pourquoi l’image de « mec de cité » ?
Est-ce que vous avez déjà écouté du rap ? Déjà vu un clip ? Si vous écoutez bien les paroles, ils parlent de coke, beuh, shit. Après, ils n’en parlent pas tous, mais quand on dit à une personne le mot « rappeur », la plupart des gens pensent à un trafiquant, ou à quelqu’un qui consomme, un délinquant. Un gars ou une meuf qui fume, c’est mal vu. En fait, je me donne cette image parce que j’ai envie qu’on me considère comme ça. C’est une image dans laquelle je me sens bien parce qu’elle n’est pas positive. Les autres se méfient voire ont peur de moi et j’aime ça. Le monde de maintenant, c’est « Tu es gentil, on te marche dessus ». Par contre, si tu as une image de méchant, on te craint. J’ai toujours aimé ce côté rebelle car mes parents étaient strictes. Je teste l’autorité, j’adore ça. Je ne veux pas ressembler à ces jeunes qui respectent tout. L’image de mec de cité me rend différent. Et si une personne tient à moi, elle va apprendre à me connaître et elle verra que je ne suis pas le caïd qu’on pourrait croire.
Anonyme
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R
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