Ce matin je me lève, je me dirige vers la machine à café pour essayer de désembrumer mon esprit. J’ai dormi 12h et pourtant je n’ai pas l’impression que mon esprit s’est mis en veille, 24 ans sans répit c’est long. Ma journée commence avec cette première gorgée de café que je ne savoure même pas, parce que mon esprit est déjà plus loin dans ma journée.
A l’horloge il est 8h, dans ma tête il est 8h40. Je prends ma voiture et je me dirige vers le travail, il n’y a pas de surprise puisque tout est anticipé depuis la veille, le bon comme le mauvais, tous les cas de figures se sont déjà déroulés 1001 fois durant cette longue nuit de 12h, qui ne l’était pas assez pour penser à tout ce que je devais faire.
La journée se déroule, emprunte d’angoisse pour les potentielles choses qui pourraient arriver, à tel point que je n’apprécie pas le magnolia qui est en fleur dans le jardin, alors qu’hier les bourgeons n’avaient pas éclos.
Lors de cette journée, perdue dans mes pensées, je réponds sans tact à une de mes collègues. Elle vit dans l’instant présent, ne pensera plus à ce que j’ai pu lui dire. Par contre, moi, je me refais cette scène tout au long du reste de la journée. Pourquoi est-ce que je n’ai pas anticipé ? Pourquoi ces mots sont sortis dans cet ordre-là ? Que va-t-elle penser ? Est-ce qu’elle aussi va ramener ce moment jusque dans son lit, le soir, quand elle n’aura plus rien d’autre à penser ?
Je n’aime pas tourner en boucle sur les mêmes choses, ça m’empêche d’anticiper ma journée du lendemain, et j’ai l’impression que je suis déjà en retard.
Viens l’heure de rentrer chez moi, je ne regarde toujours pas le magnolia en fleur, pourtant dans une semaine tout sera tombé à cause du vent. Je rentre chez moi et je suis agacée, je cogite sur ma façon de communiquer, sur l’impact que j’ai eu sur cette personne. La personne avec qui je partage ma vie essaie de me faire rire mais je ne suis pas réceptive parce que je suis en train d’anticiper autre chose.
Je lui fais comprendre, toujours pas de la bonne manière, et là le conflit. Il aimerait le stopper, mais comme d’habitude je n’arrive pas à lâcher prise. A peine le temps de dire ouf, c’est déjà l’heure de ne pas mettre mon esprit en veille.
Le bruit dans ma tête ne s’arrête jamais. Je me réveille le lendemain, après une nuit de 12h et c’est déjà l’heure de ne pas apprécier mon café, de ne pas regarder le magnolia, d’être spectatrice de mon existence.
Auteure : Maurine, 24 ans, Mons
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.