Sur un malentendu, la société a fait la sourde oreille, par peur de vivre dans un silence imprévu, et dans un monde absolu, nous marchons tous sur un fil qui peut nous prendre au dépourvu.
Sur ton carton, qui devient une salle de concert avant le monde, tu chantes ta souffrance.
Ton combat est avec toi-même, ton arène, c’est la rue, celle qui a pris tant de vies humaines.
Fais-nous un signe de là-haut, pour savoir si tu vis mieux désormais. Tu as connu la prison de la rue, sans lit où dormir, sans abri pour ton corps fatigué. Notre frisson restera, celui de ne plus t’entendre parler de ta douleur, celui de ton absence sur ce banc, ou dans une structure trop froide. Je jure que j’entends encore ton cri, ta voix coupée trop souvent par l’indifférence.
Beaucoup ont dressé des murs devant toi, beaucoup ont éteint ton micro, refusant d’écouter ta parole. Tes mots résonnent en moi : douleur, chagrin, épuisement.
Ton corps tremblait de froid sur ce sol glacé, hésitant entre la vie et un sommeil trop profond dont on ne se réveille pas. Jamais je ne t’oublierai. Ton image vit encore dans nos mémoires, ton combat reste gravé dans nos âmes. Nous vivons dans un monde de trahisons, de souffrances et de drames, où nos valeurs sont bafouées, notre dignité bafouée, ensevelies sous l’injustice et l’indifférence.
Un espoir brisé demeure, accompagné de cicatrices et de blessures, dans une solitude glaciale, emplie de tristesse, de colère, et de silence.
À vous, amis et amies de la rue, vos visages, vos voix, vos combats restent gravés dans nos mémoires, comme un rappel de notre humanité oubliée.
NDLR : Parfois, Scan-R partage la parole des personnes ayant plus de 30 ans. Elles écrivent au sein d’institutions en lutte contre la précarité.
Auteur : Willy, 58 ans, Charleroi
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.