Dès le départ, Scan-R essaye de valoriser la parole de chacune et de chacun ! Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop brefs pour faire l’objet d’un post, nous les rassemblons donc dans un seul article sobrement intitulé “Les Petits Avis”.
Solidaires ?, Anonyme, Verviers
Lors des inondations, en 2021, on aurait dû prévenir les citoyens pour qu’ils s’approvisionnent en nourriture ou besoins primaires. L’absence des autorités s’est bien fait ressentir par les citoyens, jusqu’en 2024. On avait des personnes qui n’avaient toujours pas de maison.
Les dons de la ville sont minimes et la perte chez les citoyens est grande, beaucoup trop grande.
Mais je trouve que les citoyens, entre eux, étaient très solidaires.
Plus !, Anonyme, Verviers
Lors des inondations de 2021, on aurait dû mettre plus de choses en œuvre. Pourquoi ? Je trouve qu’on aurait pu limiter les dégâts, en prévenant les gens plus tôt, en pensant aux risques, bien avant la catastrophe. Il fallait s’organiser plus vite et plus intelligemment.
Comme message, j’aimerais annoncer qu’il faut mettre en place des méthodes au cas où, ne pas attendre que la catastrophe se passe ou que ça empire.
Agir en avance.
Si dévastateur ?, Anonyme, Verviers
En 2021, durant les inondations, j’étais chez moi. Et je ne m’en suis pas directement rendu compte, étant donné que je n’ai pas été impacté. Ma maison n’a donc rien subi. Lorsque j’ai appris qu’il y a eu des morts et des conséquences graves, j’étais choqué et outré. Je ne pensais pas que cet évènement était autant dévastateur. On a vécu les mêmes événements mais avec des expériences différentes.
Le poids des pensées sur notre corps, Clara, 17 ans, Durbuy
J’ai une réunion à 17h, un témoignage à écrie, une émission à préparer.
Je me sens affaiblie, nulle ou encore, incompétente. Tous ces mots, sur le long terme, nous pèsent et finissent par nous envahir. J’ai toute ma vie sur-analysé chaque geste de l’humanité, mais en fin de compte, c’est moi qui me perdais dans le poids de mes propres pensées.
A vouloir tout prévoir, tout faire, j’ai perdu la Clara qui voulait rire, aimer, tout simplement, exister. Une Clara qui n’avait pas peur de crier au monde ce qui la dérangeait. J’ai perdu, une Clara vivante.
La peur, Willy, 58 ans, Charleroi
Une peur d’avancer. Une peur de souffrir encore. Une peur de voir notre monde détruit.
Une peur de douter toujours de nous. Une peur face au racisme qui perdure sur Terre. Une peur d’être sans cesse critiquée. Une peur du jugement perpétuel.
Une peur de vivre dans un monde de silence.
Une peur de voir des enfants sacrifiés.
Une peur d’être encore trahi. Une peur de devoir porter un masque pour cacher les brûlures du passé. Une peur de tant de drames. Une peur de tant de décès dans notre pays. Une peur de flancher. Une peur devant tant d’injustice. Une peur que notre dignité soit sans cesse bafouée.
Une peur devant tant d’espoirs brisés.
Une peur d’oublier que notre cœur peut aider les autres, les enfants. Une peur de rester dans un monde d’esclavage. Une peur de vivre toujours dans un pays en dictature. Une peur d’être invisible dans ce monde. Une peur de voir un monde perdu.
Une peur devant tant de vies sacrifiées. Une peur de perdre la mémoire. Une peur de détourner notre regard de la réalité. Une peur à la vue de tant de larmes versées. Une peur de la solitude du monde. Une peur de voir le monde mourir de faim malgré l’insouciance des dirigeants.
Une peur de ne plus savoir respirer, de ne plus remplir nos poumons d’air. Une peur d’être trompé, d’être humilié. Une peur de vivre dans l’indifférence générale. Une peur de vivre dans un monde glacial. Une peur de voir le monde s’embraser de colère. Une peur de voir la Belgique entrer en guerre, notre pays détruit, des vies humaines et des enfants sacrifiés.
Une peur de vivre dans le brouillard, sans savoir avancer.
Une peur de devoir se battre pour nourrir notre famille. Une peur de ne plus avoir la force d’avancer, d’être épuisé. Une peur de voir ce monde peuplé d’échecs. Une peur d’être complice des massacres ou du trafic d’armes dans le monde.
Une peur de l’ignorance des gens.
Une peur de ne pas savoir maîtriser ma tristesse, dissimulée dans un monde rempli de haine, d’échecs, de souffrance, de douleur, de préjugés et de critiques, de combats. Une peur d’être effrayé, bafoué, étouffé, ignoré par ceux dans la rue. Une peur de voir tant de cœurs brisés, emplis de douleur et de doutes. Même dans les structures, ils se critiquent entre eux…
NDLR : Parfois, Scan-R partage la parole des personnes ayant plus de 30 ans. Elles écrivent au sein d’institutions en lutte contre la précarité.
Auteurs/ices : Anonymes, Clara, Willy & Anonyme
CES PETITS AVIS ONT ÉTÉ PRODUITS LORS DE DIFFERENTS ATELIERS SCAN-R.

