Un petit garçon, les pieds dans l’eau, est impassible depuis l’aube. Manteau, écharpe, capuche. Un seau à la main, parapluie dans l’autre. Il arrose une plante déjà noyée par les flots, la seule visible à l’horizon.
- Que fais-tu ? lui demande un passant.
- J’arrose cette plante.
- Tu es ridicule, lance le passant, il pleut comme vache qui pisse, elle n’a pas besoin de toi.
Et il s’en va.
Le garçon reste, lui, impassible. Et redouble d’efforts. Un second passant l’interpelle et lui tend un langage similaire :
- Ce que tu fais ne sers à rien, mon petit.
- C’est votre point de vue, répond-t-il.
- Pour ne garder qu’une seule plante, qui plus est, laisse tomber.
Et il s’en va. Le garçon ne bouge pas. Et redouble à nouveau d’efforts.
Un troisième passant s’approche de lui.
- Rentre, mon garçon, tu vas attraper froid.
- Moins que cette plante, répond-t-il.
- Tu vas être trempé !
- Moins qu’elle.
- Tu vas être fatigué, insiste le troisième passant.
- Je me reposerai demain.
- Pourquoi fais-tu cela, au juste ?
- Je lui apprends à faire face, à gérer le froid, la pluie et le vent. À se servir des aléas et prendre soin des éléments. Car la vie, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie (citation : Sénèque).
Auteure : Christine, 36 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.